Dear darlings,
Je m’en vais attraper le train qui m’emmènera ne pas fêter Noël.
Hier mon amoureux aka Mon Voisin aka BG (car Bertrand Guillot vit dans l’appartement collé au mien) roulait vers son réveillon familial dans le Nord, le coffre de la Clio plein de chocolats et de livres, dont ce chef d’oeuvre dont il n’existe pour l’instant qu’un seul exemplaire :
C’est le septième mois de décembre que nous passons ensemble lui et moi. Même s’ils savent que je déclinerai, comme chaque année gentiment sa famille m’a invitée à les rejoindre — c’est l’une de leurs délicates façons de me faire savoir qu’ils ne me reprochent pas ma distance. Ils me laissent la porte ouverte, comme à un chat redevenu sauvage. C’est la première famille que je rencontre qui me rend libre ; ils ne jugent pas mes choix, n’y ont même jamais fait allusion (et le mariage ? les enfants ? pourquoi tu ne vois plus ta mère ?) — ce n’est pas de l’indifférence, on s’aime bien, ils m’accueillent toujours chaleureusement quand je passe une tête pour un anniversaire ou un déjeuner. Mais ils ne me forcent à rien, et c’est parce que je suis acceptée comme je suis que je peux me permettre de partir faire ce dont j’ai besoin, libérée de la culpabilité de ne pas arriver à coller à l’idéal des fêtes de Noël.
J’ai essayé plusieurs fois, et j’ai renoncé. Ma famille de sang est éclatée en plein de morceaux différents et je ne sais pas lequel choisir. Et quand je suis dans les familles des autres, la mienne me manque, même si elle n’existe pas.
Je crains les brouilles, le brouhaha me rend confuse, je finis triste et barbouillée.
J’ai essayé plusieurs fois de rester seule chez moi, en me faisant croire que c’était un jour comme un autre ; le cafard grossissait jusqu’à exploser. Maintenant j’ai décidé de prendre soin de cette période spéciale :